gaz de mine, de charbon, de houille .... un peu de pédagogie
Il nous semble utile de clarifier les termes, car dans notre lutte contre l'exploitation du gaz de charbon dans le bassin de Gardanne nous entendons souvent des arguments légèrement "faussés". Merci à Brigitte Apothéloz pour sa contribution.
Un petit cours sur les 3 gaz et les 4 charbons …
On parle du :
1. gaz de charbon : ce sont des poches de grisou ou méthane, donc de gaz emprisonné dans de la roche dure qu’il faut fracturer pour le récupérer. Parfois, des compagnies comme EGL prétendent que la roche est suffisamment poreuse pour que le gaz de charbon « vienne » tout seul. C’est rarement le cas et en général on finit toujours par utiliser le fracking pour sortir tout le gaz.
2. gaz de houille : Le gaz de houille est un gaz manufacturé, produit lors de la transformation de la houille en coke. Le coke est obtenu par pyrolyse de la houille dans un four à l'abri de l'air dans des fours regroupés en batteries dans une usine appelée cokerie. Ce procédé a longtemps été très polluant et l'est encore dans les pays en développement. En Europe, il ne subsiste que quelques cokeries dont les émissions, sous-produits et déchets sont contrôlés. Le gaz de houille fut utilisé comme gaz d'éclairage jusqu'à la fin du xixe siècle, époque à laquelle il fut détrôné par l'électricité, et plus généralement comme gaz de ville, jusqu'en 1950, époque où il fut remplacé par le gaz naturel.
3. gaz de mine : gaz de mine est le grisou qui s'échappe naturellement des anciens puits de charbon et qui doit à tout prix être récupéré sous peine d'avoir un effet néfaste en tant que gaz à effet de serre. (C’est le méthane-grisou qui continue à être produit par les veines de charbon) Gardanne n'est pas concerné, contrairement au Nord ou certains puits de Lorraine. Ici les veines sont du lignite, alors qu’en Lorraine c’est de la houille, un charbon de qualité supérieure et en forte teneur en grisou, le nom que les mineurs donnent au méthane.
Après la fermeture d’une mine, l’arrêt des exhaures (pompage de l’eau d’infiltration) entraîne l’ennoyage d’une mine. Problème : le charbon continue de dégager des gaz qui sont mis sous pression par la montée en eaux, avec le risque de fuite à travers les puits ou les fractures naturelles du terrain. Comment maîtriser ce risque lié au gaz de mine ? Réponses avec cette méthodologie par le BRGM. Une fois la mine fermée, le charbon ne s’arrête pas pour autant de « vivre ». Il dégage du méthane, qui est alors emprisonné dans les vides miniers par la montée des eaux issues de l’ennoyage naturel. Il s’ensuit un phénomène de surpression bien connu dans les différents bassins houillers, mais qui peut se révéler dangereux en provoquant des "chasses de gaz de mine" vers la surface. La maîtrise du risque lié au gaz de mine est capitale pour des raisons de sécurité, du fait de la nature hautement inflammable du méthane. Une méthodologie a donc été développée par l’exploitant de l’époque. Lire la suite de l’article du Brgm
Beaucoup de personnes ont tendance à mélanger les 3 termes. Il est important qu’on utilise les bons termes pour parler de choses aussi importantes et… différentes. Pour éviter non seulement les confusions mais surtout les dérapages politiques et idéologiques.
Donc si le gaz fuit dans une mine fermée après sa fermeture et son ennoyage, on parlera de gaz de mine ; il s’échappe naturellement.
Si on transforme du coke en gaz, on parlera de gaz de houille puisque c’est du gaz fabriqué par l’homme à partir de houille.
Le gaz de charbon est lui -toujours ce même gaz appelé grisou ou méthane- mais emprisonné dans de la roche dure qu’il faut fracturer pour le récolter.
Il est très malin politiquement de mélanger les 3 termes. Les gaz de houille parlent plus aux anciens mineurs qui se souviennent des éclairages au gaz de houille et le gaz de mine est la hantise du mineur pour ses coups de grisou ; donc lui aussi son extraction est vécue positivement. Dans un pays minier, il est essentiel de donner le bon mot au gaz.
Le charbon est de plusieurs variétés. Le charbon est une roche sédimentaire exploitée en tant que combustible et formée à partir de la dégradation partielle de la matière organique des végétaux. ll existe de nombreuses variétés de charbon, que l'on distingue selon plusieurs critères dont les principaux sont :
· l'humidité
· la teneur en matières minérales non combustibles (cendres)
· le pouvoir calorifique,
· l'inflammabilité, liée à la teneur en matières volatiles.
Le meilleur charbon est l’anthracite et le plus mauvais la tourbe, juste avant c’est lignite (charbon du bassin minier de Provence)